Follow @lejiji

8 sept. 2009

Les DSI ont-ils une vision à court terme?

Les DSI ont-ils une vision à court terme?

Pressés de toutes parts, les directeurs des systèmes
d'information ont-il encore le temps d'anticiper, par exemple à
propos des ressources humaines, de la gestion de projet, de la
qualité ? Réponse avec 3 consultants.
Confrontés à des budgets serrés, à des contraintes
d'exploitation et de qualité forte, à des nécessités de réactivité
et d'agilité : la direction des systèmes d'informations a-t-elle
encore suffisamment de marges de manœuvre pour construire une vision
à long terme de l'évolution du système d'information ?

Alors que les technologies de l'information évoluent sans
cesse, de même que les priorités et les personnes, les schémas
directeurs sont ainsi soumis à rude épreuve et l'arbitrage des
projets devient vite problématique. La tendance n'est-elle pas à
favoriser les projets où le retour sur investissement sera rapide,
au détriment d'autres plus risqués mais pertinents à moyen terme ?


"Selon moi, les DSI français sont encore très clairement
positionnés sur le court terme, avec des préoccupations au jour le
jour, et je dirais qu'ils sont presque nombrilistes. Nous les
découvrons sur des grands débats comme la gouvernance, le pilotage
de projets car les directions informatiques sont confrontées à se
transformer à moyen terme en une société commerciale. Mais nous en
sommes encore loin, et plus de 70% des budgets sont actuellement
consacrés à la maintenance", soutient Siegfried Gunther, président
d'Idesys et filiale de Groupe Solucom.

Un avis que tempère toutefois Yannick Jouannin, PDG de Nomia :
"Ils ont nécessairement une vision à court terme, car ils doivent être
connectés à l'activité de l'entreprise et sont soumis à une
obligation de résultat qui les fait réagir. Mais ils possèdent une
vision en deux temps : l'une à court terme pour améliorer la qualité
de services, et l'autre à long terme car la technologie est source
de différenciation".


Des secteurs mieux à l'écoute que d'autres au discours
visionnaire du DSI. Des différences majeures subsistent entre les secteurs.

La banque et l'assurance font notamment figure de directions
informatiques modèles. Dotées d'importants moyens car essentielles à
l'activité même de l'entreprise, elles intègrent l'informatique non
plus comme un facteur de coûts mais comme une direction créatrice de
valeur pour l'entreprise. L'enjeu s'avère beaucoup plus délicat dans
le secteur de la distribution ou du bâtiment, notamment dans les
moyennes entreprises.

D'abord attendu sur l'aspect production, les directions
informatiques se focalisent logiquement vers l'amélioration de la
disponibilité des services, mais parfois au point d'en oublier
l'innovation. Parfois, la direction informatique est même dépassée
par l'adoption des nouvelles technologies.

Exemple : la vague des applications intranet ou Internet développée pour les directions
métiers - et parfois par elles - qui aujourd'hui donnent lieu à des
impératifs d'urbanisation et de consolidation.

"Je pense que les DSI sont bien conscients de ne pas pouvoir
toucher du doigt tous les problèmes, alors c'est intéressant de les
voir recourir de plus en plus à la prestation de services. L'idée
étant de s'appuyer sur des gens qui savent mieux faire qu'eux",
estime Arnaud Froissart, directeur au sein du centre de compétence
stratégie et gouvernance des SI chez Orga consultants.

Et Siegfried Gunther d'ajouter : "La DSI est en train
d'apprendre à faire faire. Mais elle revient d'un concept
d'externalisation globale et systématique. L'infogérance n'est pas
la réponse à tout comme on a pu le croire. Ce n'est pas la solution
miracle pour réduire les coûts non plus. Aujourd'hui, les directions
informatiques ont intérêt à évaluer les risques et à garder en interne
les tâches qui relèvent du cœur de métier".

Le directeur informatique est également le garant de la
conformité et de l'intégrité du système d'information. A ce titre,
il est donc amené à soutenir des projets, certes obligatoires, mais
apportant peu voire pas de valeurs à l'entreprise (Sarbanes Oxley,
Bale 2, Plan de reprise d'activité). Pour ne pas tomber dans une
approche réactive plutôt que proactive, le DSI doit donc parvenir à
impliquer davantage les métiers et la direction générale dans
l'arbitrage des projets

Une implication nécessaire des directions métiers et de la
direction financière
"L'exercice de l'arbitrage et de la validation des
investissements est obligatoire. Dans ce cadre, le calcul du retour
sur investissement s'avère généralement utilisé mais ne doit pas
justifier seul un projet. Un DSI soucieux d'apporter de la valeur
essaie de monter vers les métiers et dans l'organisation. Il faut
expliquer le rôle de l'informatique et l'intérêt de chaque projet",
soutient Arnaud Froissart.

Ce qui se traduit dans les grands groupes par la nécessité
d'introduire le directeur des systèmes d'information au sein du
comité de direction, afin qu'il participe à la stratégie de
l'entreprise et puisse adapter l'informatique aux changements
d'activité. La double compétence informatique et directions métiers
peut être un atout crucial afin de faciliter le dialogue et
permettre au DSI de lever la tête.

"Je pense effectivement qu'il est pertinent d'avoir deux
profils différents. Un directeur de l'innovation, doté d'une solide
culture informatique et qui voit comment transformer les innovations
en outil de compétitivité, et le directeur des systèmes
d'informations qui se charge du bon fonctionnement de
l'informatique", analyse Yannick Jouannin de Nomia.

L'une des solutions possible consiste également à s'approprier
des méthodes de gestion de projet ou d'infrastructure comme CMMI ou
ITIL. Attention cependant à ne pas en attendre des miracles, l'outil
ne donnant qu'un cadre simple sur la manière de formaliser ses
services afin de gagner en agilité. Pour d'autres, la solution
passera par une formation ou le recours à un coach, de manière à
passer d'une culture de technicien à une culture de services.

Le dernier défi qui concerne les DSI porte sur le capital
humain et sur les moyens d'accompagner ses collaborateurs vers les
projets innovants, un processus qui passe par la formation et le
transfert de compétences avec ses prestataires de services. Un enjeu
difficile pour un DSI qui n'a pas souvent de formation en ressources
humaines et qui doit composer avec un environnement technologique
instable.

"L'informatique est devenue une industrie, mais elle reste une
industrie très récente. C'est une des rares professions où l'on
réalise toujours aujourd'hui des prototypes, c'est-à-dire que les
projets recommence presque toujours de zéro. Dans le bâtiment, les
méthodes sont connus et ne bougent presque plus depuis longtemps.
Cette vision à court terme s'explique également par le manque de
maturité de l'industrie et des technologies", pointe Siegfried Gunther

Source : Yves Drothier, JDN Solutions
<http://solutions.journaldunet.com/0611/061130-dsi-vision-court-terme.htmll>,

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire