Les DSI ont-ils une vision à court terme?
     Pressés de toutes parts, les directeurs des systèmes
d'information ont-il encore   le temps d'anticiper, par exemple à
propos des ressources humaines, de la   gestion de projet, de la
qualité ? Réponse avec 3 consultants.
    Confrontés à des budgets serrés, à des contraintes
d'exploitation et de qualité   forte, à des nécessités de réactivité
et d'agilité : la direction des systèmes   d'informations a-t-elle
encore suffisamment de marges de manœuvre pour   construire une vision
à long terme de l'évolution du système d'information ?
        Alors que les technologies de l'information évoluent sans
cesse, de même   que les priorités et les personnes, les schémas
directeurs sont ainsi soumis à   rude épreuve et l'arbitrage des
projets devient vite problématique. La tendance   n'est-elle pas à
favoriser les projets où le retour sur investissement sera   rapide,
au détriment d'autres plus risqués mais pertinents à moyen terme ?
    "Selon moi, les DSI français sont encore très clairement
positionnés sur le   court terme, avec des préoccupations au jour le
jour, et je dirais qu'ils sont   presque nombrilistes. Nous les
découvrons sur des grands débats comme la   gouvernance, le pilotage
de projets car les directions informatiques sont   confrontées à se
transformer à moyen terme en une société commerciale. Mais nous   en
sommes encore loin, et plus de 70% des budgets sont actuellement
consacrés à   la maintenance", soutient Siegfried Gunther, président
d'Idesys et filiale de   Groupe Solucom.
      Un avis que tempère toutefois Yannick Jouannin, PDG de   Nomia :
"Ils ont nécessairement une vision à court terme, car ils doivent être
connectés à l'activité de l'entreprise et sont soumis à une
obligation de   résultat qui les fait réagir. Mais ils possèdent une
vision en deux temps :   l'une à court terme pour améliorer la qualité
de services, et l'autre à long   terme car la technologie est source
de différenciation".
    Des secteurs mieux à   l'écoute que d'autres au discours
visionnaire du DSI. Des différences majeures subsistent entre les secteurs.
La banque et l'assurance   font notamment figure de directions
informatiques modèles. Dotées d'importants   moyens car essentielles à
l'activité même de l'entreprise, elles intègrent   l'informatique non
plus comme un facteur de coûts mais comme une direction   créatrice de
valeur pour l'entreprise. L'enjeu s'avère beaucoup plus délicat   dans
le secteur de la distribution ou du bâtiment, notamment dans les
moyennes   entreprises.
        D'abord attendu sur l'aspect production, les directions
informatiques se focalisent logiquement vers l'amélioration de la
disponibilité   des services, mais parfois au point d'en oublier
l'innovation. Parfois, la   direction informatique est même dépassée
par l'adoption des nouvelles   technologies.
Exemple : la vague des applications intranet ou Internet   développée pour les directions
métiers - et parfois par elles - qui aujourd'hui   donnent lieu à des
impératifs d'urbanisation et de consolidation.
        "Je   pense que les DSI sont bien conscients de ne pas pouvoir
toucher du doigt tous   les problèmes, alors c'est intéressant de les
voir recourir de plus en plus à la   prestation de services. L'idée
étant de s'appuyer sur des gens qui savent mieux   faire qu'eux",
estime Arnaud Froissart, directeur au sein du centre de   compétence
stratégie et gouvernance des SI chez Orga consultants.
        Et   Siegfried Gunther d'ajouter : "La DSI est en train
d'apprendre à faire faire.   Mais elle revient d'un concept
d'externalisation globale et systématique.   L'infogérance n'est pas
la réponse à tout comme on a pu le croire. Ce n'est pas   la solution
miracle pour réduire les coûts non plus. Aujourd'hui, les directions
informatiques ont intérêt à évaluer les risques et à garder en interne
les   tâches qui relèvent du cœur de métier".
      Le directeur informatique est également le garant de la
conformité et de   l'intégrité du système d'information. A ce titre,
il est donc amené à soutenir   des projets, certes obligatoires, mais
apportant peu voire pas de valeurs à   l'entreprise (Sarbanes Oxley,
Bale 2, Plan de reprise d'activité). Pour ne pas   tomber dans une
approche réactive plutôt que proactive, le DSI doit donc   parvenir à
impliquer davantage les métiers et la direction générale dans
l'arbitrage des projets
      Une implication nécessaire des directions métiers et de la
direction financière
    "L'exercice de l'arbitrage et de la validation des
investissements est   obligatoire. Dans ce cadre, le calcul du retour
sur investissement s'avère   généralement utilisé mais ne doit pas
justifier seul un projet. Un DSI soucieux   d'apporter de la valeur
essaie de monter vers les métiers et dans   l'organisation. Il faut
expliquer le rôle de l'informatique et l'intérêt de   chaque projet",
soutient Arnaud Froissart.
        Ce qui se traduit dans les   grands groupes par la nécessité
d'introduire le directeur des systèmes   d'information au sein du
comité de direction, afin qu'il participe à la   stratégie de
l'entreprise et puisse adapter l'informatique aux changements
d'activité. La double compétence informatique et directions métiers
peut être un   atout crucial afin de faciliter le dialogue et
permettre au DSI de lever la   tête.
        "Je pense effectivement qu'il est pertinent d'avoir deux
profils   différents. Un directeur de l'innovation, doté d'une solide
culture informatique   et qui voit comment transformer les innovations
en outil de compétitivité, et le   directeur des systèmes
d'informations qui se charge du bon fonctionnement de
l'informatique", analyse Yannick Jouannin de Nomia.
        L'une des solutions possible consiste également à s'approprier
des méthodes de   gestion de projet ou d'infrastructure comme CMMI ou
ITIL. Attention cependant à   ne pas en attendre des miracles, l'outil
ne donnant qu'un cadre simple sur la   manière de formaliser ses
services afin de gagner en agilité. Pour d'autres, la   solution
passera par une formation ou le recours à un coach, de manière à
passer   d'une culture de technicien à une culture de services.
        Le dernier défi   qui concerne les DSI porte sur le capital
humain et sur les moyens d'accompagner   ses collaborateurs vers les
projets innovants, un processus qui passe par la   formation et le
transfert de compétences avec ses prestataires de services. Un   enjeu
difficile pour un DSI qui n'a pas souvent de formation en ressources
humaines et qui doit composer avec un environnement technologique
instable.
    "L'informatique est devenue une industrie, mais elle reste une
industrie très   récente. C'est une des rares professions où l'on
réalise toujours aujourd'hui   des prototypes, c'est-à-dire que les
projets recommence presque toujours de   zéro. Dans le bâtiment, les
méthodes sont connus et ne bougent presque plus   depuis longtemps.
Cette vision à court terme s'explique également par le manque   de
maturité de l'industrie et des technologies", pointe Siegfried Gunther
      Source : Yves Drothier,  JDN Solutions
<http://solutions.journaldunet.com/0611/061130-dsi-vision-court-terme.htmll>,
 
 
 
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